En Février 2019 sont parues 2 Notes de service de la DGAL :
- NS de la DGAL/MUS/2019-86 du 01/02/2019 : Publication du bilan et des statistiques des alertes dans le domaine alimentaire enregistrées par la mission des urgences sanitaires en 2017.
- NS de la DGAL/MUS/2019-87 du 01/02/2019 : Publication du bilan et des statistiques des toxi-infections alimentaires collectives et des cas humains pour l'année 2017.
Ces données font apparaître un chiffre de 1045 Alertes en 2017 (dont 935 pour la France uniquement) contre 1208 Cas de TIAC (pour 14 269 malades).
64% des Alertes en France sont issues des autocontrôles des professionnels de l’alimentaire ce qui tend à montrer une certaine efficacité des plans de contrôle analytique des entreprises.
Cette interprétation se confirme si on se base sur le nombre croissant d'alertes déclenchées suite à des autocontrôles chez le producteur depuis 2014 : 28% en 2014, 30% en 2015, 33% en 2016, 36% en 2017.
Comme on peut le dire souvent : « Quand on cherche, on trouve »
Cette donnée française s’oppose aux Alertes recensées hors France qui donnent une tendance inverse avec moins d’alertes issues des autocontrôles (38%) au profit des contrôles officiels (43%)
La majorité de ces alertes recensées en France concerne 2 secteurs d’activité avec 503 établissements :
- Les détaillants français (48%)
- Les producteurs français (36%)
Ce qui est dommage c’est que nous n’avons pas les critères de taille qui ont permis de distinguer les détaillants des producteurs.
Mais si on en croit la terminologie, il semblerait que ces données soient totalement en phase avec la montée en puissance des circuits courts et de proximité impliquant des entreprises de petite taille.
A contrario, la majorité des TIAC recensées sont issues de 3 secteurs principaux :
- Restauration collective (34%)
- Restauration commerciale (40%)
- Restauration familiale (21%)
Ces données reflètent une bonne application de la Notification des TIAC comme le précise la NS de la DGAL du 03/01/2011.
Toutefois, parmi l’ensemble des TIAC seulement 17% ont été confirmées.
Ci-après un tableau récapitulatif comparant les principaux agents identifiés dans chacune des 2 Notes de service de la DGAL :

Concernant les TIAC, la proportion pour chaque danger mis en cause demeure similaire quelque-soit les mois de l’année.
Au regard de ces données, il apparaît que les agents incriminés dans les cas de TIAC sont totalement différents de ceux mis en évidence dans les cas d’Alertes alimentaires.
Ceci peut s’expliquer par le fait que les pathogènes de type Listeria monocytogenes, Salmonella et Escherichia coli sont très régulièrement recherchés dans l’ensemble des matrices alimentaires présentes sur le marché alors que le Bacillus cereus et les Staphylocoques sont beaucoup présents dans les plans de contrôle analytiques. A savoir notamment que Bacillus cereus n’apparaît que dans les plans de contrôle faisant intervenir des féculents (famille donc très restrictive).
Force est de constater que le contexte actuel des laboratoires d’analyse fait apparaître une recrudescence de Bacillus cereus au niveau des analyses réalisées.
Ces données peuvent être corrélées avec le développement de la filière biologique et la croissance des produits Vegan composés majoritairement de féculents et produits céréaliers.
Un des facteurs explicatif serait l’utilisation grandissante du Bacillus thuringiensis comme biopesticide dans les filières biologiques mais également dans de nombreux traitements comme la démoustication ou la lutte contre la chenille processionnaire (Loi Biocontrol)
Cette catégorie de Bacillus se confond à 100% avec le Bacillus cereuslors de la mise en œuvre des analyses traditionnelles de laboratoire.
Le scénario qui se profile est que nous nous dirigeons vers une réelle crise sanitaire en lien avec la diffusion de biopesticides pouvant présenter un pouvoir pathogène certain pour les consommateurs finaux.
Ci-après un tableau récapitulatif comparant les principaux produits identifiés dans chacune des 2 Notes de service :

Là également, nous pouvons constater des données déséquilibrées entre les Alertes et les Cas de TIAC.
Force est de constater que notre hypothèse précédente de plans de contrôles moindres dans la filière végétale entraîne moins d’Alertes mais du coup fait apparaître une plus forte concentration de TIAC en lien avec cette filière.
A contrario, les filières les plus contrôlées comme les produits laitiers et les viandes de boucherie font apparaître des données largement supérieures au niveau des Alertes qu’au niveau des TIAC.
Mme Valérie ROUVET
Co-gérante / Responsable QSE
Laboratoire AQMC
ECOPARC - 135 Rue de la Garriguette
CS 20130 - ST AUNES
34135 MAUGUIO Cedex